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Mais si les feuilles françaises penchent du côté des envahisseurs, jamais elles n’ont moins bien reflété le sentiment de la nation ; j’en ai la certitude, ayant questionné des gens de tous les mondes, même des paysans au fond des campagnes. Le blâme, la pénible stupeur chez nous sont presque unanimes. Je tiens à le dire bien haut, ne fût-ce que pour les sept ou huit millions de sujets arabes que nous avons en Afrique et que l’attitude de la presse dans l’aventure a consternés ou révoltés.

En passant, j’ajouterai que nous procédons avec ces sujets-là d’une façon honteuse, les accablant de vexations inutiles. En Algérie, à Tunis, par centaines, nous avons de ces mesquins petits fonctionnaires qui traitent tout musulman avec une morgue imbécile, et nous font sourdement haïr, préparant ces exodes en masse vers la Syrie