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sont tacitement favorables à l’Italie. Ils enregistrent avec calme des victoires où, grâce à une artillerie écrasante, les Italiens ne laissent que trois ou quatre morts, tandis que les Turcs gisent à terre par centaines. Ils racontent sans broncher la pendaison à grand spectacle d’une rangée de prisonniers arabes, iniquement qualifiés de rebelles. On saccage, on brûle, on tue : ils appellent cela déblayer, et c’est à croire qu’il s’agit d’une chasse à la bête fauve. Le correspondant d’un grand journal parisien célébrait récemment la beauté (sic) d’un tir d’artillerie à longue distance, d’une précision telle que les Arabes en face, avec leurs pauvres fusils, étaient fauchés comme l’herbe d’un champ ; il parlait même d’une maudite (sic) mosquée qui retardait la marche en conquête, parce que les Turcs s’y étaient retranchés pour s’y défendre comme des lions… Un autre