Page:Loti - Turquie agonisante, 1913.djvu/288

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Longtemps, en effet, j’ai été presque seul, avec Claude Farrère, à dénoncer les atroces barbaries des Balkaniques et à prophétiser que les alliés, comme des hyènes à la curée, essaieraient de se dévorer entre eux.

Maintenant que la vérité éclate partout, et plus hideuse encore que je la montrais ; maintenant que cette « croisade » est enfin démasquée, est-ce qu’un peu de justice ne sera même pas accordée aux pauvres Turcs ?

Les voici qui reviennent à Andrinople, non seulement pour reprendre leurs vieux sanctuaires pillés et à moitié détruits, leurs sépultures d’ancêtres ignoblement profanées, mais surtout pour délivrer, sauver de la mort horrible et certaine ceux de leurs frères qui ont encore échappé aux longs massacres chrétiens. Oui, ils voudraient reconquérir cette Thrace, qu’il a été indigne