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maisons et pillé partout, en incendiant à leur départ. Enfin il m’a montré que lui aussi avait souffert, sa maison a été percée par les obus et toute pillée ensuite.


XXXV

Traduction de la lettre d’un jeune sous-lieutenant turc, qui m’est envoyée par sa sœur.


Tchataldja, mai 1913.
Ma jolie grande sœur,

Néjad vient de rentrer de son congé ; il m’a apporté le livre que tu lui avais donné, c’est-à-dire la Turquie agonisante de Pierre Loti. Accroupis hier, le soir, dans un coin de notre misérable campement, à la lueur de la flamme mourante d’une bougie, nous commençâmes à le lire et nous nous mîmes à pleurer. Nous attirâmes bientôt l’attention des soldats. Ils s’approchèrent doucement un à un, comme s’ils craignaient de troubler nos pleurs et notre isolement. Nous leur dîmes ce que nous lisions ;