Page:Loti - Turquie agonisante, 1913.djvu/282

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XXXIV

Lettre écrite par un petit matelot français de l’escadre internationale à son capitaine.


Patte du Lac, à Scutari, 19 mai 1913.

La première nuit, nous avons été obligés de coucher dans la cour de la caserne, vu que la caserne était occupée par les Monténégrins ; ils avaient tout chaviré dans cette caserne et c’était infect partout. Les Monténégrins, avant de s’en aller, fouillaient dans le magasin d’armes et d’habillements abandonnés par les malheureux Turcs et ils emportaient tous des chargements. Pendant que je visitais les chambres, j’ai rencontré un pharmacien autrichien connaissant très bien le français et qui habitait à toucher la caserne ; il m’a parlé de la misère qui a sévi pendant le siège et des atrocités des Monténégrins qui massacraient les blessés turcs abandonnés dans la caserne ; les premiers jours de leur entrée à Scutari, ils ont envahi toutes les