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taient pas maîtres de leurs hommes. Aux balcons, les dames grecques criaient : tuez-les, tuez-les. On estime, comme nombre le plus bas, à une centaine le nombre des victimes.

Une élève du cours des jeunes filles de la mission laïque et un garçon du lycée, tous deux musulmans, ont eu leurs parents assassinés. Le père de ce dernier, Kapandii effendi, ne rentrant pas chez lui, sa femme affolée court les postes de police. On la reçoit avec des sarcasmes en lui disant que son mari repose en lieu sûr. Cette victime très connue, notable d’ici, tuée à sa porte, est transportée au loin pour enlever la preuve du crime.

Le lendemain, les journaux — par ordre — affirment que la gendarmerie crétoise a été admirable dans cette horrible soirée.

Hypocrisie et cruauté.

Censure préalable et impossibilité d’établir la vérité.

Voilà des faits nouveaux — si j’ose m’exprimer ainsi — et absolument contrôlés.