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d’une de ses coutumières promenades à pied, fut mortellement atteint d’une balle de revolver tirée par une sorte de déséquilibré. Un aide de camp accompagnait Sa Majesté. Deux gendarmes crétois suivaient à une certaine distance.

L’assassin, aussitôt arrêté, fut interrogé par un officier grec. Voici les paroles textuelles de cet officier : « L’assassin parle trop purement notre langue pour que ce ne soit pas un Hellène. » En effet, il avoua s’appeler Alexandre Skinas, être grec et professeur. Ces choses vous sont connues. Ce que vous devez ignorer, ce que, du moins, on a précieusement caché, ce sont les scènes qui suivirent.

Soldats et gendarmes crétois se ruèrent dans ce quartier avec cette soif de massacrer, de tuer qui paraît être la plus grande jouissance des peuples balkaniques. Je vis trois égorgements sous mes yeux, dont un d’un pauvre vieux mendiant nègre. Les officiers disaient à ceux qui portaient le fez, de l’ôter, car ils n’é-