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mes plus tristes souvenirs. Je suis une vieille femme, monsieur, et, en 1877, lors de cette campagne de Turquie qui fut le premier déchaînement d’une Europe imbécile contre ces infortunés Turcs, j’étais en qualité de sœur de charité sous les murailles de Plewna. Combien de pauvres Turcs n’ai-je pas vu amener à peu près dans l’état dans lequel a été mis l’original de la photographie que vous avez fait reproduire ! Ils avaient été mutilés par des bandes serbes, bulgares et monténégrines, ces atroces Monténégrins surtout, qui portaient comme croix d’honneur pendues à leur ceinture, les oreilles des Turcs qu’ils avaient martyrisés avant de les tuer ! Et cela on l’oublie, de même que la résignation de leurs victimes, qui avaient la force de ne pas les maudire. Et toutes ces atrocités se pratiquaient au nom de la religion chrétienne, en l’honneur de la Croix du Christ ! etc., etc…