Page:Loti - Turquie agonisante, 1913.djvu/249

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

colonel Veit raconte que les comitadjis ont brûlé toutes les localités musulmanes entre Tchataldja et Andrinople.

« On ne voit plus aujourd’hui une seule maison, une seule cabane ; tout a disparu dans les flammes. Des milliers de familles ruinées ont émigré, emportant leur petit avoir ainsi que leurs femmes et leurs enfants dans des chars traînés par des buffles. Ils sont en ce moment devant les portes de Constantinople où la faim les tourmente. Ils ne se plaignent pas, ils ne mendient pas et se nourrissent misérablement de quelques grains de maïs. À Büyük Kardistan, j’ai vu moi-même des douzaines de blessés turcs que les troupes en déroute n’avaient pu emmener avec elles et que les patrouilles bulgares ont horriblement mutilés. Nous autres officiers, nous l’avons déjà répété à des correspondants de guerre : c’est en caractères de feu qu’il faudrait répandre sur la terre la nouvelle de toutes ces atrocités… »

Au contraire, tous les rapports sont à la