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XV

Lettre que m’adresse un ingénieur en chef français.


Combien vous avez raison d’élever la voix en faveur de cette race si belle et si bonne : les Turcs ! Je parle leur langue, j’ai vécu douze ans parmi eux en Macédoine, en Anatolie, en Arabie. Si tant est que les vertus indiquent et distinguent la religion des hommes, en Orient, le meilleur chrétien, c’est le Turc.

Comme vous j’ai souffert des ignominies légendaires répandues comme à plaisir sur nos pauvres amis ; mes yeux se sont mouillés des malheurs immérités qui les frappent. J’ai essayé d’élever la voix après votre premier appel ; mais, bien entendu, aucun journal n’a accueilli mes plaintes. Néanmoins j’essaierai encore, avec ardeur, presque avec colère. Le ressentiment que j’éprouvais contre mes semblables a