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blessés. L’officier repartit : « Oui, il est plein de misérables Albanais, et ceux-là, nous les jetterons dehors. »

Le consul riposta : « Messieurs, je vous ferai remarquer que le terrain sur lequel se trouve le consulat est un terrain neutre, et qu’il jouit de la protection de la monarchie que je représente. Vous voyez flotter sur ces murs le drapeau autrichien, et en outre le signe de la Croix-Rouge internationale. »

Le Serbe lui répliqua : « Ce sont là des mots inutiles. Je vous ordonne d’ouvrir. »

M. Prochaska ne fit à ces paroles aucune réponse et rentra dans son bureau. L’officier serbe donna l’ordre à ses soldats de pénétrer de force dans le consulat. Avec des bravos et des cris insultants pour l’Autriche-Hongrie, les soldats arrachèrent le drapeau austro-hongrois et le traînèrent dans la boue. La porte fut ouverte avec violence, les soldats escaladèrent le mur de l’entrée et pénétrèrent dans le bâtiment. Les familles des Albanais qui s’y étaient