Page:Loti - Turquie agonisante, 1913.djvu/208

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

3o Le lendemain, après-midi, je regardais la ville, du bord, dans la lunette du télémètre Barraud Strond. Vous savez que cet instrument, utilisé comme longue-vue, donne, outre un fort grossissement, un relief remarquable. D’autre part nous n’étions pas très éloignés de terre. Je voyais donc toutes choses comme si je les avais touchées du doigt. J’ai vu deux bons vieux bateliers turcs poursuivis, sur la plage, par des soldats bulgares. La chasse a duré cinq bonnes minutes. Les deux bateliers ont été tués à coups de bâton. J’ai su ensuite qu’ils avaient été découverts dans leurs caïques où ils étaient cachés depuis quatre jours.

Voilà. Je m’arrête parce qu’un pareil sujet n’a pas de limites et qu’il faut une fin. Je suis content, tout de même, qu’en dépit du pacte de silence de la presse, la vérité commence à se faire jour. Mais on ne dira jamais assez quelle engeance immonde sont ces soldats soi-disant chrétiens ; — les Grecs surtout. Quant aux Bulgares, je veux bien que la plupart des