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enfants qui grelottent et qui toussent, vieilles femmes courbées, vieillards perclus, tout cet humble monde est si débonnaire, si honnête et si digne ! Petits ouvriers, petits marchands de race purement musulmane, qui vivaient au jour le jour, heureux dans leurs maisonnettes de bois, sans les désirs effrénés ni l’envie haineuse que l’on souffle au peuple de nos grandes villes d’Occident. Ils n’étaient pas les Turcs des nouvelles couches, mais ceux d’autrefois qui se rendaient à la mosquée quand le muezzin chantait. Ils étaient ceux aussi qui animaient, de leurs groupes encore pittoresques, les places tranquilles où l’on fume des narguilhés à l’ombre des platanes, et tant de voyageurs qui se sont arrêtés pour contempler leur incompréhensible paix, pour s’étonner de leur confiance en la prière, tant de touristes leur doivent aujourd’hui au moins