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de héros. Mais malgré tout, je le sens plonger peu à peu dans l’abîme où s’anéantissent les religions et les civilisations révolues, et avec lui achèveront de passer aussi le recueillement, le rêve et la prière. Sur notre Terre bientôt trop étroite, toute trépidante aujourd’hui du grouillement des hommes qui asservissent l’électricité, martèlent le fer et s’enivrent d’alcool, il n’y a plus de place pour les peuples contemplatifs et doux, qui ne boivent que l’eau des sources et mettent en Dieu leur espoir.

L’Islam ! Peut-être l’Europe, si perfide et si utilitaire, aurait eu quelque intérêt pourtant à le défendre encore. Elle n’a pas été seulement criminelle, en poussant les Turcs aux suprêmes désespérances, en laissant exterminer toute cette population saine et probe, autour de la ville où s’élève la merveilleuse mosquée de Sélim II ; elle a été