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plus même que la race juive, qui y avait été poussée avant elle par un sort pareil au sien[1]. Mais elle a été, dans le passé, grande et glorieuse, et, malgré ses tares, acquises dans la servitude, ses malheurs, tant de malheurs inouïs qui n’ont cessé de l’accabler, doivent nous la rendre un peu sacrée.

Il faudrait sans doute chercher bien loin, au fond des temps, pour trouver les origines de cette haine si farouche entre les Arméniens et les Turcs, qui semblaient jadis des peuples faits pour se tolérer et s’unir. Les premières grandes tueries mutuelles dont s’émut l’Europe eurent lieu dans des régions reculées de l’Asie Mineure ; les Kurdes y prirent part bien plus que les Turcs proprement dits ; elles eurent le caractère de batailles plutôt

  1. Voici à ce sujet un proverbe turc que l’on ne m’accusera pas d’avoir inventé : « Il faut quatre Juifs pour faire un Arménien. »