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naître les humidités glacées qui s’y abattent avec l’automne, les vents mortels qui y soufflent de la mer Noire et qui en font la ville des bronchites et des phtisies.

Je me souviens de l’élan de sympathie provoqué en France par le désastre de Messine, où tant de vies humaines avaient été englouties sous les décombres. À Stamboul, il est vrai, presque personne n’a été atteint ; mais c’est pis encore peut-être, car aujourd’hui, les premiers secours étant distribués et épuisés, il reste bien trente mille malheureux sans abri, sans vêtements : que feront-ils, ceux-ci, quand la neige aura jeté ses blancs linceuls sur tous les dômes de leurs mosquées, et quand les rues où ils couchent s’empliront de la boue des dégels ? Donc, c’est maintenant plus que jamais qu’il faudrait avoir pitié. Et tout ce monde, sans gîte, sans manteau sous la pluie froide,