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soutenir envers et contre tout lorsqu’ils sont coupables. Il y a du reste chez eux tant de qualités de premier ordre, tant de noblesse originelle, tant de foncière honnêteté, tant de compassion et de tolérance, qu’ils n’ont pas besoin qu’on les défende en aveugle ; ce serait même leur nuire et leur faire injure. Oui, les massacres d’Arméniens, c’est peut-être le crime qu’ils expient si affreusement aujourd’hui ; en tout cas, c’est en souvenir de ces néfastes journées de 1896 que l’Europe détourne sa pitié de leurs souffrances. Ici, je ne puis les absoudre, mais seulement plaider pour eux les circonstances atténuantes.

À Dieu ne plaise que je veuille accabler la race arménienne. Elle a dégénéré aujourd’hui comme il arrive à toutes les races qui ont eu le malheur suprême de perdre leur patrie ; son courage a faibli ; elle s’est jetée dans le mercantilisme et l’usure, beaucoup