Page:Loti - Turquie agonisante, 1913.djvu/178

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peuples jadis soumis au Croissant, la vraie élite intellectuelle et morale, les Roumains ont-ils gardé rancune à ces Turcs qui furent leurs maîtres ? Personne n’oserait le prétendre. Non, c’est seulement pour leurs anciens compagnons de tutelle, les Bulgares, qu’ils professent une haine toujours vivace.

Et les malheureux Juifs d’Espagne, où sont-ils venus se réfugier quand les chrétiens les exterminaient ? Chez ces Turcs, qui leur donnent depuis quatre ou cinq siècles la plus tolérante hospitalité, et qu’ils ne cessent de bénir.

Oh ! je sais bien, il y a eu les massacres d’Arméniens ! Ici, ce n’est plus de la calomnie, ce n’est plus de la légende, c’est de l’effarante réalité. Ici, c’est la grande tache dans l’histoire de ceux que, en mon âme et conscience, je crois infiniment dignes d’être défendus, mais que cependant je ne saurais