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reux de leur rapport, ou bien supprimait le rapport tout entier ; quand par hasard quelque révélation accablante arrivait quand même jusqu’à la presse française, en vertu de la conjuration du silence on se gardait de l’insérer, et le cliché : « atrocités turques » — exact quelquefois, je le reconnais, exceptionnellement et surtout par représailles — revenait toujours comme un refrain haineux imprimé en grosses lettres raccrocheuses. Mais il y avait trop de témoins pour que la vérité ne se fît pas jour ; la presse autrichienne, la presse allemande, chez qui le silence n’était pas de règle comme chez nous, commencèrent à conter avec stupeur des crimes sans nom. Et puis nos officiers français, détachés dans la garde internationale de Macédoine, avaient vu, eux aussi, et il était difficile de les intimider, ceux-là, pour les faire taire. C’est ainsi que peu à peu de