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pauvres gens qui n’ont plus rien, et qu’à tout prix il faut secourir.

On m’objectera que je viens raconter une histoire bien ancienne : voici tantôt deux mois que Stamboul est brûlé, et déjà la pitié s’est détournée, hélas ! — Et pourtant non, elle est au contraire d’une poignante actualité, la si triste histoire que j’ai voulu répéter ici, d’une actualité que lui donnent les premières pluies automnales, et que lui renouvelleront bientôt plus lamentablement les premiers froids, les premières neiges. Pendant l’été aux belles nuits tièdes, les incendiés campaient n’importe où, vêtus de presque rien ; mais à présent voici venir l’hiver, le terrible hiver du Bosphore. En général, on s’imagine chez nous que Constantinople, parce que c’est une ville orientale, doit être tout le temps ensoleillée ; il faut y avoir habité pour con-