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l’on est toujours si disposé à s’émouvoir ». Et ce même journal, pour excuser son « regret » stupéfiant, déclarait que ces crimes n’étaient qu’une juste réaction, après cinq siècles effroyables en Thrace et en Macédoine. — Toujours la légende des Turcs féroces, la légende si longuement préparée et si perfidement entretenue par les Balkaniques ! — Féroces contre qui, s’il vous plaît ? Est-ce contre les Juifs, auxquels ils ont donné la plus paisible hospitalité depuis quatre siècles, alors qu’on les massacrait chez les chrétiens ? Est-ce contre nous, Français, qui depuis l’époque de la Renaissance avons été accueillis par eux avec tant de bon vouloir et de cordialité ? Était-ce même, au début de leur domination, contre ces orthodoxes ou exarchistes, auxquels Mahomet II avait laissé leurs églises, leurs écoles et leur langage ? Si, dans la suite, ils