Page:Loti - Turquie agonisante, 1913.djvu/133

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui fut hospitalière aux Français depuis que le grand Sultan règne, sur cette terre où il est permis à des centaines de milliers d’hommes de chanter : « Domine salvam fac Galliarum Gentem. » (Protégez, Seigneur, la nation des Gaules.) Venez, accourez à l’appel de tant de Français ! Que ne pouvons-nous ressusciter pour verser une deuxième fois notre sang pour la France d’Orient, qui est en partie notre œuvre ! Que du moins le souvenir de nos cendres vous inspire ! Et, s’il ne vous est pas permis de tirer votre épée pour défendre une noble cause et les intérêts de la France d’Orient, au nom de l’honneur, ne permettez pas qu’on insulte des vaincus ! Des vaincus qui furent nos amis depuis cinq siècles ! »

» Ces vaincus ont héroïquement succombé. Ils avaient non seulement les armées de quatre États à combattre, mais des ennemis plus terribles encore : la faim, le manque de munitions, le désordre dans tous les rouages de l’armée. Aucun soldat au monde, aucun, entendez-vous, n’aurait été capable de supporter tant d’affreuses misères. Les pillages, les massacres auxquels d’autres soldats n’auraient pas manqué de se livrer, dans des cir-