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défendre, supporte en silence toutes ces ignominies.

» Vous faites appel à la pitié, vous demandez grâce pour les vaincus. Mais y a-t-il des sentiments de pitié en Europe ? Y a-t-il encore de la noblesse, de la générosité ? Quand on voit des gens qui du fond de leur bureau ne savent plus manier leur plume que pour insulter des vaincus, on a le droit de penser que c’est le règne de la lâcheté qui désormais domine notre Société. Où est la noble épée de France qui toujours sut se dresser pour protéger le faible ? Est-ce en vain que nos soldats ont versé leur sang en Crimée ? Leurs cendres, qui reposent au cimetière latin de Péra où, tous les ans, les Turcs se font un devoir de venir rendre hommage à nos braves, crient à leurs camarades de France : « Levez-vous ! venez défendre nos restes que des barbares viendront fouler aux pieds sans respect. Venez protéger la cornette de nos sœurs, l’habit de nos religieux, l’œuvre de nos instituteurs, les usines de nos ingénieurs, les maisons de nos commerçants et de nos fonctionnaires. Venez protéger les catholiques que le nationalisme et le fanatisme des Bulgares menacent d’étouffer dans cette terre