Page:Loti - Turquie agonisante, 1913.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de ces grands mots, applaudit joyeusement ceux qui commettent tant d’abominations. Oh ! dérision ! Quelle honte !

» C’est au nom de la croix, s’écrie le roi Ferdinand. Mais de quelle croix parle-t-il ? Ce n’est certes pas de la croix catholique dont il a fait abjurer à son fils la religion. Il ne peut pas non plus parler de la croix orthodoxe dont son peuple est séparé ; ce ne peut être qu’au nom de la croix bulgare exarchiste, au nom de cette croix qui a mis à feu et à sang toutes les villes et tous les villages habités par les autres races chrétiennes de la Turquie d’Europe, au nom de cette croix qui, demain, si le Turc est chassé en Asie, massacrera, pillera, tyrannisera les populations grecques, comme elle l’a fait en 1907.

» On parle volontiers des massacres des Turcs ordonnés par un seul homme, par Abdul-Hamid, mais on passe sous silence les massacres plus récents encore, organisés et exécutés en Macédoine et en Bulgarie même par l’élite de la population bulgare.

» Pour calomnier, le Bulgare trouve des appuis partout. Le Turc, par sa résignation et parce qu’il ne sait pas ou plutôt ne daigne pas se