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mais sans nez, sans lèvres, sans paupières, le tout coupé avec des cisailles !…

Et je ne résiste pas à citer in extenso, malgré son exaltation, cette lettre d’un diplomate français, hautement respectable et digne de foi, qui est très documenté, ayant habité dix ans la Macédoine.


« Constantinople, le 25 décembre 1912.

» À Monsieur Pierre Loti.

» Les Turcs massacrent ! Aujourd’hui, crions plutôt : les Turcs sont massacrés ! Oui, ils sont massacrés ; leurs blessés sont horriblement mutilés ; leurs femmes sont violées, leurs quartiers sont incendiés et pillés. Par qui ? par des bandes de ces soldats sauvages qui ont exercé depuis dix ans leur métier de massacreurs en Macédoine. Et ces horreurs, au nom de quel principe élevé sont-elles commises ? au nom de la civilisation, de la justice et de la liberté. Et l’Europe tout entière, dont la bouche est farcie