Page:Loti - Turquie agonisante, 1913.djvu/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aussi chaque année dans ces vieux quartiers en bois, toujours prêts à flamber ! Il y a cependant plusieurs faubourgs, Péra, Galata, Chichli, Nichantache, — auxquels je ne souhaite pas de mal, à Dieu ne plaise, — mais qui auraient pu brûler sans que le monde artiste en prît le deuil, au contraire. Eh bien ! non, c’était toujours au cœur même de Stamboul que le feu s’attaquait de préférence, se plaisant à détruire les vestiges du merveilleux passé, — et préparant ces espaces vides où d’inconscients malfaiteurs projettent de tracer aujourd’hui des avenues bien droites en style américain et de construire des maisons bien uniformes.

Pour comble, depuis deux ans, la municipalité turque elle-même semble s’acharner contre tout ce qui est oriental. On a perdu, là-bas comme chez nous, le sens de la beauté et le respect des choses que vénéraient les