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Pauvre grand et majestueux Stamboul ! Il dépérissait, comme l’Islam tout entier du reste, au souffle empesté de houille qui vient d’Occident. Il faut dire même que les Turcs, les nouveaux, élevés sur nos boulevards, lui témoignaient un dédain puéril ; semblables aux moucherons qu’attire la flamme des lampes, ces musulmans des jeunes couches, éblouis par tout le toc de nos idées subversives et de notre luxe à bon marché, préféraient se bâtir sur l’autre rive de la Corne d’Or des maisons singeant les nôtres. De plus en plus donc, les abords des grandes mosquées saintes se dépeuplaient de gens riches et modernisés ; c’étaient seulement les humbles qui restaient là, les humbles et les dignes, ceux qui continuaient de poursuivre le rêve des ancêtres et qui enroulaient encore d’un turban leur front grave.

Et puis tant d’incendies s’allumaient