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lées ; mais on blessait tellement moins ! On ignorait en ce temps-là nos armes qui fauchent cent hommes par seconde, et les pires guerres d’alors ne donnaient pas le vingtième des cadavres qui gisent à cette heure sur les champs de la Thrace. Je ne vois donc vraiment pas qu’il y ait tant lieu de crier hurrah pour « la civilisation et le progrès ».

À propos de ces nouvelles machines à tuer, j’ai dû m’expliquer mal, dans une précédente lettre, puisque des gens de bonne foi en ont pu conclure que je prêchais l’antimilitarisme. Mon Dieu ! par quel manque absolu de logique, par quel monstrueux contresens peut-on bien passer, de l’horreur pour la guerre moderne, à la déconsidération et à la haine pour ces hommes, de plus en plus sublimes, qui sont obligés de la faire ? Mais, à mesure que les batailles, les