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les places ombreuses, rappelant doucement la mort sans y mêler aucune terreur. Cela s’appelait Stamboul, et ce n’était pas au bout du monde ; non, c’était en Europe, à trois jours à peine de notre Paris fiévreux et trépidant.

Pauvre Stamboul ! Son délabrement, il faut le reconnaître, devenait extrême ; aussi, tous les snobs touristes — qui sont peut-être la classe humaine la moins capable de comprendre quelque chose à quoi que ce soit, — s’indignaient en débarquant des paquebots ou des trains de luxe, à voir ces maisons de travers, ces décombres qui gisaient partout et ces immondices qui souvent traînaient dans les ruelles mortes. Seuls les artistes et les rêveurs profonds se sentaient pris dès l’abord par ce charme de vieil Orient, que j’ai tant de fois cherché à exprimer, mais qui toujours a fui entre mes mots inhabiles.