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XX


C’est après cette grande maladie, vers le milieu de l’été, que se place mon plus long séjour dans l’île. On m’y avait envoyé avec mon frère, et avec ma sœur qui était alors pour moi comme une autre mère. Après un arrêt de quelques jours chez nos parentes de Saint-Pierre-d’Oleron (ma grand’tante Claire et les deux vieilles demoiselles ses filles), nous étions allés demeurer tous trois seuls à la Grand’-Côte, dans un village de pêcheurs absolument ignoré et perdu en ce temps là.

La Grand’-Côte ou la côte Sauvage est toute cette partie de l’île qui regarde le large, les infinis de l’Océan ; partie sans cesse battue par les vents d’Ouest. Ses plages s’étendent sans aucune courbure, droites, infinies, et les brisants de la mer, arrêtés