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LE ROMAN D’UN ENFANT

yeux. Nous tournions, nous tournions comme des fous, en chantant à quatre voix : « L’astre des nuits dans son paisible éclat… » une chanson sentimentale qui n’a jamais été faite pour danser, mais que nous scandions drôlement par moquerie, pour l’accomoder en air de ronde. Cela dura je ne sais combien de temps, cette sarabande de joie, l’orage nous portant sur les nerfs, l’excès de bruit et de vitesse tournante nous grisant comme de petits derviches ; c’était la fête de mon retour célébrée ; c’était une manière d’inaugurer dignement les vacances, de narguer le Grand-Singe, d’ouvrir la série des expéditions et enfantillages de toutes sortes qui allaient recommencer demain pis que jamais.