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LE ROMAN D’UN ENFANT

Quand je regardais les hommes d’un certain âge qui m’entouraient, même ceux qui occupaient les positions les plus honorables, les plus justement respectées auxquelles je pusse prétendre, et que je me disais : il faudra un jour être comme l’un d’eux, vivre utilement, posément, dans un lieu donné, dans une sphère déterminée, et puis vieillir, et ce sera tout… alors une désespérance sans bornes me prenait ; je n’avais envie de rien de possible ni de raisonnable ; j’aurais voulu plus que jamais rester un enfant, et la pensée que les années fuyaient, qu’il faudrait bientôt, bon gré, mal gré, être un homme, demeurait pour moi angoissante.