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LIV


— Apporte-moi, je te prie, le… deuxième… non, le troisième… tiroir de ma chiffonnière.

C’est maman qui parle, s’amusant elle-même de ces tiroirs qu’elle me demande chaque jour depuis des années, — et quelquefois pour le seul plaisir de me les demander, sans en avoir un besoin bien réel. (C’était un des premiers services que j’avais su lui rendre étant tout petit : lui apporter suivant les cas l’un ou l’autre de ces tiroirs en miniature. Et la tradition nous en est longtemps restée.)

À l’époque de ma vie où j’en suis arrivé, c’est généralement le soir que se passe cette promenade de tiroirs, à mon retour du collège, quand déjà le jour baisse ; maman est assise à sa place accoutumée, causant ou brodant près de sa fenêtre, sa