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LE ROMAN D’UN ENFANT

de ces mots, pressentant déjà quelque chose de la lourdeur triste du pays noir. Il avait prédit, mon pauvre oncle, que je deviendrais un savant naturaliste, — et il se trompait bien, comme du reste tant d’autres qui pronostiquèrent de mon avenir ; il y était moins que personne ; il ne comprenait pas que mon penchant pour l’histoire naturelle ne représentait qu’une déviation passagère de mes petites idées encore flottantes ; que les froides vitrines, les classifications arides, la science morte, n’avaient rien qui pût longtemps me retenir. Non, ce qui m’attirait si puissamment était derrière ces choses glacées, derrière et au delà ; — était la nature elle-même, effrayante, et aux mille visages, l’ensemble inconnu des bêtes et des forêts…