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XXII


Dans le courant de l’hiver qui suivit mon séjour à la côte de l’île, un grand événement traversa notre vie de famille : le départ de mon frère pour sa première campagne.

Il était, comme je l’ai dit, mon aîné d’environ quatorze ans. Peut-être n’avais-je pas eu le temps d’assez le connaître, d’assez m’attacher à lui, car la vie de jeune homme l’avait pris de bonne heure, le séparant un peu de nous. Je n’allais guère dans sa chambre, où m’épouvantaient les quantités de gros livres épars sur les tables, l’odeur des cigares, et les camarades à lui qu’on risquait d’y rencontrer, officiers ou étudiants. J’avais entendu aussi qu’il n’était pas toujours bien sage, qu’il se promenait quelquefois tard le soir ; qu’il fallait le