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adorable, quand il s’agit de la changer de linge, elles font chaque fois pieusement chauffer la pauvre grossière chemise, à la flamme de quelques branches mortes ramassées à tâtons dans les bois. Jamais elles n’ont demandé l’aumône, jamais on n’a entendu sortir de leurs bouches un murmure ni une plainte.

Au milieu de leur éternelle nuit, tâtonnant sans cesse et cherchant avec leurs mains, toutes les deux, pour aider cette mère, qui tâtonne et cherche aussi dans une obscurité pareille, elles ont une douceur toujours égale et une sorte d’inaltérable contentement…

La source de telles résignations nous demeure bien inaccessible, et tout cela, n’est-ce pas ? est d’ailleurs plein de mystère, car nous restons confondus devant la destinée de ces âmes hautes et sereines, qu’em-