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bien, et d’ailleurs le petit ne connaissait point d’autre métier moins dur ; mais la brave Joséphine, le trouvant bien maigre et bien pâle, ne le perdait plus de vue et, pour lui éviter les fatigues excessives, surtout les sueurs dangereuses, c’était elle, le plus souvent, qui à grand effort frappait sur l’enclume. Il s’en est allé quand même, ce dernier enfant, vaincu, lui aussi, par le mal inévitable. C’est alors que pour faire vivre la maman de tous ces morts, épuisée du reste par la maladie et le chagrin, la servante a imaginé de réparer les parapluies, les tamis ou les paniers. Et tout le jour donc, elle s’en va dans les villages, trottinant par les sentiers, poussant son cri de raccommodeuse, son pauvre cri chanté, qui s’éteint de plus en plus avec les ans ; le soir ensuite, quand elle rentre exténuée, elle trouve le moyen encore d’égayer un peu sa vieille