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Tous, n’est-ce pas ? nous avons fait, au cours de notre vie, quelque bien, çà et là ; du bien qui, en général, nous a donné peu de peine, nous a privés de peu de chose. Et nous nous sommes magnifiés alors, disant en nous-mêmes : La bonté habite notre cœur. Comme nous étions loin cependant, loin et au-dessous du moindre, du dernier de ces apôtres obscurs, dont j’ai mission de vous entretenir ! Nous, gens du monde, quelles que soient nos détresses intimes et cachées, nous restons les favorisés sur cette terre. Tous, brûlés plus ou moins de désirs inassouvis, d’ambitions, de convoitises, tourmentés d’irréalisables rêves, nous puisons en notre propre cœur nos souffrances, — parfois infinies, je le sais bien, mais qui s’atténueraient par la patience et l’oubli de soi-même. En somme, nous avons la fortune, le luxe, ou bien la fumée d’un peu