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Mais beaucoup d’âmes, en ces temps de vertige, ressemblent à la mienne, et, pour l’adresser à plusieurs qui m’écoutent ici, je pourrais emprunter à Victor Hugo son étrange phrase : «  Ah ! insensé, qui crois que tu n’es pas moi ! » Donc, un enseignement peut-être jaillira pour quelques-uns, lorsque j’aurai dit en toute sincérité comment mon âme, d’abord ennuyée et hautaine devant cette tâche que l’on m’imposait, est peu à peu devenue respectueuse et attendrie. À ceux qui sont mes frères par la souffrance, mes frères par l’orgueil, mes frères par le doute et par le trouble, combien je voudrais pouvoir communiquer le bien que je me suis fait à moi-même et l’apaisement que j’ai trouvé, en vivant par la pensée, durant quelques semaines, au milieu de ces simples et de ces admirables que l’Académie française glorifie en ce jour !