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sentiment que cette lumière la détaillait trop, que c’était comme une profanation. Elle n’était cependant pas effrayante à voir, oh ! loin de là ; au contraire, toute contraction, toute ride de souffrance avait disparu de son visage et jamais elle ne m’avait paru aussi jolie.

Les vitres étaient ouvertes, le vent soufflait, il faisait presque frais pour une matinée de juin. Je vis qu’elle n’était vêtue que d’une chemise en fine batiste entr’ouverte sur sa chair d’un blanc de cire, et, au premier abord, avant d’avoir eu le temps de penser, je me révoltai de cela : quelle imprudence, avec sa poitrine malade ! Mais il faudrait la couvrir, à quoi donc pensait-on ? Et puis tout aussitôt, bien entendu, je me rappelai que cela ne faisait rien, puisqu’elle était morte, puisqu’elle n’était plus qu’une pauvre chose perdue, sacrifiée, que l’on allait plonger dans l’obscurité d’un caveau scellé pour l’y laisser pourrir avec d’autres cadavres…

Oh ! alors l’angoisse cette fois m’étreignit désespérément… Le « ciel » où je retrouve-