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qu’on m’élevât trop en petite fille, ayant exigé depuis trois ans qu’on me fît prendre des leçons d’équitation à l’école de dressage, je montais déjà pas mal, et le directeur avait permis à ses gens de m’emmener avec eux sur les routes à la promenade des chevaux. Quelquefois donc, après m’être longuement amusé à mon théâtre de Peau d’Âne, seul ou en compagnie de ma petite camarade Jeanne, à faire défiler dans nos décors de rêve nos poupées en miniature vêtues comme des fées ou des sorcières, il m’arrivait de prendre tout à coup ma cravache et d’aller courir les chemins, monté sur quelque bête incomplètement dressée, en compagnie de grands diables de « piqueux » avec qui j’avais fait amitié, mais qui n’avaient vraiment rien du langage ni des manières de l’hôtel de Rambouillet.

Toutefois, ce printemps-là, pour me distraire de ma tristesse, j’avais l’attente de deux événements annoncés pour le commencement de juin : d’abord le retour de Lucette dont le mari