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Ce petit livre qui avait déjà tant couru le monde, dans son enveloppe de cuir noir, exhalait une saine et discrète senteur d’herbier, qu’il a conservée encore ; avant de le rendre à ma mère, je découvris, entre les pages de papier très fin, une fleur desséchée, une pervenche rose, en tout pareille à celle qu’il m’avait envoyée dans une de ses lettres d’Océanie, me disant qu’elle avait fleuri à la porte de sa maisonnette tahitienne.

On devinait qu’en présidant à la confection de ses malles, au départ de Saïgon, il craignait déjà de n’avoir pas la force d’arriver jusqu’à nous, car des petits paquets, des coffrets étaient étiquetés de son écriture. Il y avait entre autres des boîtes sur lesquelles il avait écrit : « Papillons pour J… » et qui contenaient, pour mon musée, des papillons merveilleux.

De ces caisses qui répandaient une odeur exotique, — cette pénétrante odeur de Chine que je devais tant connaître plus tard, — nous retirâmes aussi de précieux bibelots chinois.