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sous la grande tonnelle de jasmin de la Virginie, toute la famille assemblée là se mit en devoir de pieusement les ouvrir, ce qui fit couler de silencieuses larmes ; ses effets, son linge, son uniforme de grande tenue aux dorures encore toutes fraîches, son violon, ses livres… L’émotion de ma mère fut surtout profonde quand elle retrouva sa Bible[1], et moi je demandai aussitôt à voir les paroles qu’elle avait inscrites pour lui à la première page et qu’au moment de sa mort il se faisait relire par l’aumônier de l’Alphée.

Ces paroles, je veux les citer ici parce qu’elles attestent si bien cette foi calme et sûre qu’avait ma mère bien-aimée, et dont elle a laissé sur mon âme l’empreinte à peu près indélébile :


16 octobre 1858.

« Quiconque me confessera devant les hommes,

  1. Les Bibles que nous avions tous en ce temps-là étaient une très fine édition portative imprimée à Londres et enfermée dans une enveloppe de cuir noir.