Page:Loti - Prime Jeunesse, 1919.djvu/83

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des algues, ou de ces bêtes inconnaissables qui hantent l’obscurité du fond des océans. Mais c’est égal, seulement pour être passé là, j’avais ressenti l’émotion d’un rapprochement avec lui, j’avais retrouvé même tous les détails de notre première journée de deuil, les yeux effarants de la pauvre vieille Parque annonciatrice, les sanglots de ma mère bien-aimée, jusqu’aux petits dièses de soie verte sur sa robe, — et surtout la grande beauté sereine de l’inoubliable lettre d’adieu.


. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le surlendemain du jour où la vieille Parque en voiles de crêpe nous avait apporté la sinistre nouvelle, ma sœur et son mari, avertis par dépêche, arrivèrent chez nous, et, comme ils attendaient la naissance d’un petit enfant pour le mois de juin, il fut convenu que ma sœur nous serait laissée jusqu’à cette époque, ce qui nous assurait plus de deux mois à la garder. Elle reprit donc sa chambre de jeune fille, la « chambre bleue », et sa présence rappela nos