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visite de deuil et à qui cette lecture causa une émotion profonde. C’était aussi un prêtre catholique, aumônier du paquebot l’Alphée, qui avait assisté mon frère dans son agonie et qui nous transmit son adieu, en y ajoutant une longue lettre de détails, qui nous fut également lue à haute voix par notre vieil oncle :

« C’est le 10 mars, à trois heures de l’après-midi, deux jours avant notre arrivée à Ceylan, qu’il est mort presque sans souffrir et sans avoir perdu connaissance, si ce n’est aux dernières minutes. Tout en respectant ses croyances protestantes, je l’ai aidé dans ces tristes moments autant que je l’ai pu. Il était plein de courage et de résignation. Il s’était préparé de son mieux, et il me disait qu’à des pensées cruelles avaient succédé des pensées plus sereines. La veille de sa mort, il me faisait lui lire les paroles de rendez-vous céleste que sa mère avait écrites en tête de sa Bible[1]… »

  1. Chez nous, les protestants, chacun a sa « Bible », qui contient ensemble l’Ancien et le Nouveau Testament.