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frère chéri, tant il fait sombre en ce moment dans ma pauvre case en bambou ; c’est le déluge biblique qui tombe sur notre île de Poulo-Condor. (Cette case, comme il l’appelait, je la savais par cœur, tant il me l’avait décrite, avec même des plans à l’appui ; je connaissais aussi bien que lui-même le gîte de Shao, son petit esclave annamite, le gîte de ses chevaux, celui de ses chiens, et le chai où l’on rencontrait toujours des serpents.) Vois-tu, rien chez nous ne ressemble à des orages pareils ; même ceux qui ont le bon esprit de se déchaîner sur la Limoise le jeudi soir, à point pour t’empêcher de rentrer à Rochefort, ne peuvent t’en donner aucune idée ; ce sont des seaux d’eau lancés à tour de bras contre mon toit ; les belles plantes, les belles fleurs de mon jardin sont couchées comme par des coups de cravache ; j’ai autour de ma case des palmes d’au moins cinq mètres de long qui se penchent pour déverser des cascades, et ma chienne Mirette, qui croit à la fin du monde, est venue