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On pense bien quelle forte affaire ce fut de démêler pour la première fois et de suspendre à leur place précise tous ces hamacs, avec leurs boucles, leurs réseaux de cordelettes et leurs « rabans de pieds » ; mais ce n’était rien encore auprès de l’opération plus délicate de monter nous insinuer là-dedans. Déshabillés maintenant tous, nous regardions avec une certaine inquiétude ces choses vacillantes, haut pendues, qui fuyaient et se dérobaient sous la moindre pression, et là surtout il fallut prier les bons matelots de nous indiquer la manière. En somme, rien de plus simple : pour s’enlever du sol, un petit bond, pas trop fort, bien calculé, un petit coup de reins, et ça y était !…

Quand nous fûmes tous couchés, les matelots s’en allèrent, toujours gaiement, et il ne resta plus dans la vaste batterie que deux hommes debout, les deux factionnaires en armes, qui, se relayant jusqu’au matin, devaient nous garder ; avec de grandes précautions pour marcher sans bruit, ils commencèrent donc leurs