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pluies bretonnes. J’eus tout de suite conscience d’arriver dans une région plus dépourvue que la mienne de ce soleil que j’adorais déjà d’un amour presque païen. Et puis, au lieu de nos pierres blanches, tout ce granit, toujours ce dur granit de l’Armorique entassé avec profusion partout ! Oh ! combien les choses d’ici étaient différentes de celles de mon pays !

Le lendemain donc, je fis ma première entrée dans le grand et sombre arsenal de Brest, vallée de granit, — toujours ce granit, — déjà si étroite par elle-même et si encombrée de matériel de combat, où l’on se sent de partout écrasé par le monde de ces pierres bleuâtres, tant les ateliers, les magasins de la Marine s’étagent lourdement les uns par-dessus les autres. Dans des passages surplombés où traînaient des canons, des obus, des câbles de navires, plusieurs corvées de matelots s’empressaient à transporter de lourdes choses, et tout ce lieu, — où je devais plus tard m’em-