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frère nous avait donné à tous, sa lettre d’agonie qu’éclairait une si triomphante certitude, et les paroles d’espoir écrites par notre mère sur sa Bible. Oh ! notre mère !… Ne jamais la perdre ; après la mort, la revoir, revivre nous tous auprès d’elle pour l’éternité !… Le Christ nous avait promis cela, et, si je pouvais obtenir cette radieuse assurance, rien ne m’épouvanterait plus ! Alors je me mis à prier comme un illuminé ; je suppliai Dieu de me pardonner mes fautes, déjà si graves à mes yeux, de me pardonner surtout la manière distraite et indigne dont j’avais fait ma première communion à Paris, à l’Oratoire du Louvre, — et puis, comme ma prière empruntait quelque chose d’un peu solennel à l’approche imminente de mon premier départ de marin, je lui demandai aussi de me bénir dans cette aventureuse carrière qui allait devenir la mienne… À ce moment, par les petites fenêtres cintrées du temple, le clair soleil d’été, — qui, au milieu de l’effroyable vide bleu, tournait impertur-