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À peine avais-je joué la première page de Lison dormait, que la porte, entrebâillée sur le corridor, s’ouvrit un peu plus, poussée par une faible pression extérieure, et M. Souris fit une entrée hésitante, marchant sur ses pattes de velours et me regardant en plein dans les yeux avec ses prunelles tout à coup dilatées. Je venais de le laisser endormi à l’ombre, tout au fond de la cour, sous des chèvrefeuilles ; mais il avait entendu ce son de mon piano, depuis longtemps oublié, et il était accouru pour se rendre compte ; évidemment il achevait de m’identifier, et, dès qu’il eut une certitude, il sauta sur mon épaule à sa manière d’autrefois.

— Oh ! maman, dis-je, permets-moi de m’arrêter un peu ; il faut bien que je le caresse, tu comprends ; vois comme il me reconnaît !

Quand maman l’eut installé sur ses genoux pour le faire tenir tranquille, je me replongeai dans les variations vieillottes et jolies ; mais je ne voyais là qu’une sorte d’entrée en matière,